Histoire
Au XIIè siècle s’élevait sur la butte de safre que l’on nomme le Vialle, l’ancien château des Comtes de GRILHON autour duquel vivait la population.
Au XVIIIè siècle « le village descend ». De nouveaux quartiers virent le jour en bas du Vialle car la région était plus sûre.
A la fin du XIXè siècle, le village se modernise : on construit notamment la ligne de chemin de fer Pierrelatte-Nyons avec une gare à Grillon. Des usines textiles (ver à soie) se développent, ainsi que des papeteries, des moulins (etc.) le long du canal de dérivation du Lez.
Dans le courant du XXè siècle, le Vialle se désertifia complètement. Racheté par la Municipalité, il est en cours de réhabilitation depuis 1978 avec la construction de logements sociaux à l’intérieur des ruines du Vialle.
Le canal de l’Aulière a été creusé à l’origine par les Templiers dès le XIIè siècle pour capter les eaux de la « Grande Fontaine » et faire tourner les moulins édifiés sur le territoire de Grillon jusqu’à la Commanderie de Richerenches.
Un village prospère grâce à ses cours d’eau, dès le Moyen-Âge
C’est l’eau qui autrefois a généré une grande prospérité à Grillon.
En effet, Grillon comprend un vaste réseau hydraulique constitué de sa rivière, le Lez, ses ruisseaux, la Gourdoulière, l’Aulière, le Rieusec, le Marderis, la Graille, ses nombreuses sources dont la Grande Fontaine, la Petite Fontaine, la Fontaine de la Coucourde, la Fontaine de Mure, d’Alençon, etc., son Canal du Moulin (creusé en 1350 par les Grillonnais !) plus tard appelé Canal des Usiniers, le Canal de Dérivation du Lez (construit en 1728), la Roubine qui nous amène l’eau de Bariol, etc.
Dès le XIIème siècle déjà, les Templiers avaient utilisé l’eau de la grande fontaine pour la commanderie de Richerenches, en creusant un fossé le long du chemin du temple. Par la suite, elle a été à l’origine, en plus de son emploi pour l’irrigation des terres agricoles, de nombreuses industries comme l’indique le document iconographique de 1804 du géomètre Pierre Barthélémy : neufs moulins (foulons, papeterie, moulins à farine, à huile, à poudre). On a pu dénombrer jusqu’à douze activités utilisant la force hydraulique.
Aujourd’hui, nous conservons de ce passé prestigieux trois roues à aubes, une turbine, deux usines (Gerflor et les Abattoirs), une pharmacie et plupart des bâtiments transformés en habitations.
Dans un proche avenir, des projets, tels que l’ouverture d’un grand musée dans les locaux d’un ancien moulinage à soie qui s’appellera / « Conservatoire des Métiers et Traditions d’autrefois en Provence », ainsi que l’aménagement d’un sentier des moulins, devraient voir le jour…
L’église Sainte-Agathe et les lieux de culte
C’est en 1861 que, compte tenu des risques d’effondrement de l’ancienne église du Vialle, fut décidée la construction de l’église Sainte-Agathe. Le safre fut creusé sous l’ancienne église, travail de terrassement considérable pour l’époque.
Les travaux de construction de la nouvelle église néo-gothique commencèrent en 1869 et sa bénédiction eut lieu un an plus tard.
L’édifice comporte une nef à deux travées flanquées de chapelles latérales et un chevet de plan carré. Le clocher dressé sur le Vialle à l’ouest de l’église proprement dite a été construit en 1892.
LES AUTRES LIEUX DE CULTE
Différents lieux de culte ont parsemé le territoire communal au travers des siècles. Cependant, les vicissitudes de l’histoire ont fait qu’il ne reste plus que la chapelle des Pénitents Blancs, aujourd’hui transformée en habitation et située sous le beffroi.
Grillon et le Vialle
Juché au sommet d’une butte de safre, le Vialle de Grillon est le cœur historique du village.
Possession des Comtes de GRILHON, son origine est attestée par un acte de 1086. Le Vialle ne possède de cette époque que de modestes vestiges du château et de la première église paroissiale.
Le XIVème siècle voit de notables transformations du Vialle, couronné de hauts remparts entre 1342 et 1372. Ces remparts seront flanqués de quatre guérites en 1621, dont une seule subsiste aujourd’hui.
Le Vialle est aujourd’hui le fruit d’une expérience originale de réhabilitation et de reconquête de l’habitat ancien sous l’impulsion, dès 1976, de l’architecte Georges-Henri PINGUSSON.
La Porte Neuve : Jusqu’en 1758, le Vialle n’avait qu’une seule sortie : la poterne nord, sous le beffroi. La tranquillité régnant, les habitants obtinrent du Vice-Légat du Pape, l’ouverture d’une nouvelle porte au sud.
Place du Château
Il ne subsiste de l’ancien château de Pons de GRILHON que la naissance de la voûte de la salle d’armes et la double porte cintrée qui lui donnait accès.
L’ancienne église Sainte-Agathe : Construite au XIIème siècle, elle se situait à la verticale de l’église actuelle. Déjà restauré au XVIIème siècle, l’édifice, affaibli par les habitations particulières aménagées en sape dans le rocher sous la nef, présentait dès 1840 des fissures inquiétantes, et sa démolition fut ordonnée en 1864.
Les remparts : Datant de la fin du XIIème siècle, époque de brigandage et de convoitises féodales, l’enceinte s’adapte de manière empirique au site naturellement défensif du Vialle.
Destinées à décourager plus qu’à lutter contre les assaillants, les fortifications de Grillon constituent un ouvrage passif (tour de guet et chemin de ronde).
Pingusson et les Logements sociaux
C’est en 1974 que l’architecte Georges-Henri PINGUSSON (grand prix de Rome) rencontre le Vialle et réalise plusieurs esquisses en vue de sa restauration.
En 1978, la construction de 18 logements sociaux est lancée. Cet ensemble présente un intérêt architectural indéniable : les murs, hors remparts et maçonneries d’origine conservés en l’état, sont réalisés dans une formule originale de « béton cyclopéen » utilisant les pierres provenant des démolitions du Vialle.
GEORGES-HENRI PINGUSSON (1894 – 1978)
Il fut l’un des derniers représentants du Mouvement Moderne en France.
Sans être considéré comme un chef de file, il a su s’imposer dans l’histoire de l’architecture française par certaines de ses réalisations majeures, comme le groupe touristique Latitude 43 à Saint-Tropez ou le mémorial des Martyrs de la Déportation, à la pointe de l’Ile de la Cité, à Paris.
Avec les 18 HLM à Grillon, Pingusson a tout simplement réalisé la dernière de ses oeuvres.
La Maison Milon et la Maison du Boulanger
LA MAISON MILON
L’architecture du bâtiment est caractérisée par une façade vitrée, lumineuse et transparente, fermant le vide laissé par la ruine, jouant comme une déchirure dans les murs anciens, et par une grande toile tendue comme une envolée vers le ciel, liaison entre la pierre, le verre et le ciel.
LA MAISON DU BOULANGER
Etablie sur trois façades et élevée de trois niveaux sur cave, elle est distribuée par un escalier droit logé au centre de l’édifice.
Au niveau de la rue, on retrouve, particulièrement bien conservé, le four du boulanger.
La Maison des Trois Arcs
La Maison des Trois Arcs, riche demeure à la façade d’inspiration Renaissance, enjambe la Grand’Rue sur trois arcs de voûte juxtaposés. Elle offre le spectacle de la construction en sous-œuvre d’un arc segmentaire d’une portée exceptionnelle (6 m à la clé), sur lequel vient s’appuyer un demi-arc transversal biais.
Le Beffroi et l’Hôtel Chapuis de Tourville
LE BEFFROI
L’ancienne tour de guet de l’entrée nord des remparts portait depuis le XVIème siècle une horloge. Sa transformation en beffroi fut achevée en 1778. Elle fut alors surélevée de plusieurs mètres et couronnée d’un campanile de fer forgé.
L’HÔTEL CHAPUIS DE TOURVILLE
Autour de 1760, un peintre, Nicolas RICHARD, décora la salle du Conseil de cet ancien hôtel cossu du Moyen-Age de quatre tableaux. La fresque papale, découverte sur le mur de refend de la salle « des Consuls », serait le témoignage de la signature entre le Vice-Légat du Pape et le Gouverneur de Provence (représentant Louis XV) d’un traité par lequel Grillon redevenait temporairement française
Quartier de Château Vieux et Place du Centenaire
Couronné en son milieu par un éperon de safre, ce quartier, autrefois appelé quartier de Bise, se développe de façon tout à fait autonome au nord du Vialle.
La forme circulaire de Château Vieux semble s’expliquer par la pratique du droit d’asile qui instituait un périmètre de protection autour des lieux de culte pour les fugitifs.
Ce droit, admis dès le Vème siècle et renforcé par le Mouvement de la Paix de Dieu à la fin du Xème siècle fixait les limites de ce périmètre à 30 pas autour des chapelles et 60 pas autour des églises majeures.
La place du Centenaire, ouverte après l’abandon du cimetière en 1854, fut totalement dégagée en 1889, commémorant ainsi le centenaire de la Révolution française, marqué par la plantation d’un micocoulier.
Grillon au fil des millénaires
Le territoire de Grillon est occupé depuis la Préhistoire. Bien avant l’apparition de l’homme, il existait une faune variée dont on retrouve les fossiles dans les roches environnantes.
Le plus grand hypogée d’Europe, « l’hypogée du Capitaine », a été mis au jour ici même. Il contenait 150 corps inhumés avec leurs parures (30 000 perles), silex et poteries.
Au quartier des Serrières, à l’est, un foyer de l’age de bronze (1500 ans avant JC) était situé sur une ancienne falaise, exploitée comme carrière du Moyen-Age au XIXème siècle.
Du VIIème au Xème siècle, existait une nécropole dont les tombes anthropomorphiques étaient taillées dans le safre.